Analyse de Situation Sociale

 

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Analyse de situation sociale

Sources :     Entretiens avec Mme P.

Entretiens avec les éducateurs de l’association responsable du suivi de l’aide éducative à domicile (ex-AEMO administrative) des enfants 

         J’ai effectué un stage au service social départemental (dans un département du sud de la région parisienne). Les missions du service social départemental sont :

*    l’accueil

*    l’accès au droit

*    l’information sur les signalements d’enfant en risque de danger ou susceptible de l’être 

*    le logement (prévention des expulsions, FSL)

*    le RMI

         Une des particularités principales de la ville sur laquelle j’ai effectué mon stage est que la mairie a longtemps été dirigée par un maire communiste qui ne pratiquait pas les expulsions. Il est fréquent de rencontrer des personnes avec de grosses dettes de loyer, accumulées depuis des années et pour qui payer leur loyer n’est pas une chose évidente. Depuis l’arrivée d’un maire de droite, les expulsions ont repris sur la ville et le logement est devenu une mission importante du service social départemental.

         La ville comprend environ 20 000 habitants et est sous contrat ville. Le suivi des aides éducatives à domicile est effectué par une association.

         J’ai choisi cette situation car le travail en partenariat m’intéresse beaucoup. De plus, elle m’a permis d’aborder plusieurs missions du service social : la protection de l’enfance, le logement, l’accès au droit. Enfin, la confiance s’est rapidement instaurée avec Mme P., ce qui m’a permis d’effectuer un accompagnement social global.

HISTOIRE FAMILIALE

Mme P., 37 ans, nationalité française

2 enfants de père différent :      Aurélie, 12 ans

                                               Ghazal, 3 ans 1/2

Aucun des enfants n’a été reconnu par son père biologique.   

w Mme P.

Mme P. est de petite taille, les cheveux courts, pas très coquette (porte souvent des joggings, n’hésite pas à sortir sans son dentier). Elle s’exprime bien et fait preuve d’une certaine intelligence. Elle s’applique à toujours paraître enjouée et de bonne humeur et, lorsqu’on lui pose des questions, s’efforce de répondre ce que l’on aimerait entendre.

Mme vit avec son fils Ghazal dans un deux pièces où elle dort dans le salon, laissant la chambre à son fils. La télévision y est constamment allumée.

Mme P. est connue du service social départemental depuis 1994 où elle s’est présentée pour des problèmes financiers : dettes de loyers, EDF, crédits à la consommation. De nombreuses aides financières lui ont été allouées pour prendre en charge ses dettes EDF et  Mme est en maintien d’énergie depuis plusieurs mois.

Mme P. se plaint de ne pas réussir à gérer son budget et a bénéficié, à sa demande, de plusieurs conseillères en éducation sociale et familiale dont les interventions n’ont pas modifié la situation financière de Mme qui dépense souvent excessivement sans, la plupart du temps, être capable de dire ce qu’elle a acheté. Mme P. a dernièrement bénéficié d’une tutrice aux prestations familiales jusqu’aux 3 ans de Ghazal. C’est avec la tutrice que Mme a réussi à résorber ses 39 000 francs de  dettes de loyer par le biais du fonds solidarité logement maintien. Avec dernière et avec les précédentes assistantes sociales qui l’ont suivie, Mme P. s’est constamment placée en position de petite fille prise en faute lorsqu’elle faisait des dépenses excessives, disant souvent en début d’entretien : « Vous allez me gronder, j’ai encore fait des bêtises. »

Mme P. alterne les périodes de chômage et de travail. Elle a fait de nombreuses formations qui n’ont jamais abouti sur un emploi à temps plein correspondant. Depuis deux ans, elle s’était stabilisée sur un emploi à mi-temps en tant que responsable de cantine qui lui plaisait et qu’elle a brusquement quitté en décembre dernier. Elle n’a pu justifier son départ et dit ne pas savoir elle-même ce qui l’a poussé à démissionner. Son employeur tardant à fournir les papiers nécessaires pour lui permettre de toucher les ASSEDICS, Mme P. se retrouve alors sans ressources.

         w Aurélie

Aurélie a été reconnue à sa naissance par M. C. avec qui Mme P. entretenait une relation en même temps que M. X., son père biologique. M. X. a abandonné Mme P. lorsque cette dernière lui a annoncé sa grossesse.

M. C. motive son acte en expliquant qu’ayant été « un enfant de la DDASS », il ne souhaitait pas qu’Aurélie soit placée en raison des problèmes financiers de sa mère.

M. C. et Mme P. se sont séparés en 1997 et, à la demande de Mme et selon l’ordonnance du juge aux affaires familiales, la résidence habituelle d’Aurélie a été fixée chez M. C.. En effet, Mme P. ayant de grosses difficultés financières (dettes de loyers, EDF) et étant au RMI, a préféré confier Aurélie à son père en attendant que sa situation financière s’améliore. Aurélie est accueillie un week-end sur deux chez sa mère et lors des vacances scolaires.

C’est M. C. qui a annoncé à Aurélie qu’il n’était pas son père biologique alors que Mme P. n’a jamais pu parler de M. X., que ce soit avec sa fille ou toute autre personne : c’est pour elle un sujet extrêmement difficile à évoquer.

M. C. s’est marié et a eu un fils, Sébastien qui a le même âge que Ghazal. Les relations avec Aurélie et la femme de M. C. sont parfois difficiles et elle a du mal à trouver sa place dans cette famille. De plus, il existe une grande mésentente entre Mme P. et le couple C., ce dont Aurélie se plaint.

Aurélie se présente comme une jeune fille de petit gabarit, au visage grave, qui s’exprime avec une justesse de propos et une maturité qui tranche avec son âge.

Il y a 1 an ½, sentant sa fille en difficulté, Mme P. a demandé une AED dont le suivi est effectué par une association. Le dialogue entre la mère et la fille a du mal à s’instaurer, Aurélie préférant se confier à la mère de Mme P.

Mme P exprime son désir de reprendre sa fille dès qu’elle aura trouvé un emploi à plein temps et qu’elle aura changé d’appartement pour en intégrer un autre plus grand.

         w Ghazal

Ghazal a été reconnu à sa naissance par M. L., le frère jumeau de son père biologique M. K.. M. K. étant marié et entretenant avec Mme P. une relation adultérine, il n’a pas voulu reconnaître cet enfant et c’est son frère, en situation irrégulière qui l’a donc reconnu.

Ghazal voit régulièrement son père qui voit toujours sa mère. C’est un enfant très actif qui supporte très mal l’autorité de sa mère. Mme P. reconnaît qu’elle ne sait pas s’en occuper, jouer avec lui ou lui imposer un minimum de règles et dit ne savoir que lui crier dessus. Ghazal cherche constamment à attirer l’attention de l’entourage et particulièrement de sa maman qui se sent très démunie.

Depuis 1 an et à la demande de Mme P. une AED a été mise en place et le suivi est effectué par la même association que pour Aurélie, mais avec deux éducateurs différents.

IDENTIFICATION DES PROBLEMES

Mme P. rencontre des difficultés relationnelles avec ses enfants qui en souffrent.

Mme P. a également beaucoup de mal à gérer son argent, accumulant les dettes de loyer, d’EDF, crédits à la consommation, se mettant alors elle et ses enfants dans des situations difficiles (coupure de l’électricité, maintien d’énergie, procédure d’expulsion...), ne pouvant parfois plus subvenir aux dépenses de la vie quotidienne.

Mme P. n’arrive pas à parler de certains sujets, comme par exemple de M. X., ce qui semble la faire souffrir.

ANALYSE

Mme P. a du mal à prendre réellement possession de sa vie et semble la subir plutôt qu’en être réellement actrice. Elle est suivie depuis de nombreuses années par le service social départemental et elle a tenu en échec tout ce qui a été entrepris auparavant concernant la gestion de son budget avec les CESF et la tutrice. Elle fait ce qu’on lui dit de faire (formations) mais sans l’intégrer réellement dans son projet personnel.

L’histoire personnelle de Mme P. l’empêche de se valoriser et de se projeter positivement. Il me semble que, tant qu’elle n’aura pas pu parler de cette histoire, tout ce qui sera mis en place par le service social sera mis en échec et elle restera « extérieure à sa vie » et ne pourra établir le dialogue avec ses enfants ni se positionner en tant que mère.

PLAN D’ACTION

Une Psychothérapie Familiale ainsi qu’un travail en amont doit être effectué sur la perception de soi (valorisation de son image...), l’acceptation (différente de la résignation dans laquelle semble s’enfermer Mme P) ainsi que de la confiance en soi (renouer avec le sentiment de responsabilité et mettre fin au sentiment de culpabilité et au fatalisme), ceci dans le but de créer des liens et de rétablir l’autorité parentale de Mme P...

Mme P aurait besoin de rencontrer un psychologue afin de pouvoir parler de son histoire personnelle avant de pouvoir faire un projet de vie pour elle et ses enfants et cesser de subir sa vie.

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Dernière mise à jour le : 04 août 2004.